Accueil
 
Ce site n'est plus mis systématiquement à jour depuis janvier 2020. Pour voir les informations les plus récentes sur les additions en Suisse, nous vous recommandons les sites Faits et Chiffres et le Système de monitorage suisse des Addictions et des Maladies non transmissibles (MonAM).
Opioïdes

Vue d'ensemble

Situation actuelle

Usage d'opioïdes dans la population résidente en Suisse
La catégorie des opioïdes comprend les substances naturelles et synthétiques aux propriétés similaires à la morphine, dont l'héroïne est la plus largement répandue en tant que drogue. Les résultats de l'enquête CoRolAR de 2016, représentative de la population âgée de 15 ans et plus en Suisse révèlent que 0.7% des répondants ont déjà pris de l'héroïne au cours de leur vie. La proportion de personnes ayant rapporté avoir pris de l'héroïne au cours des 12 mois précédant l'enquête était de 0.0%, un taux identique à celui de l'utilisation au cours des 30 derniers jours. Une sous-estimation de ces données est très probable, étant donné que des activités socialement sanctionnées peuvent être passées sous silence dans le cadre d'enquêtes téléphoniques. De plus, celles-ci n'atteignent que difficilement une population marginalisée comme celle de toxicomanes actifs.

Même si le groupe d'usagers actuels identifiés par l'enquête CoRolAR de 2016 est trop petit pour permettre des généralisations fiables sur sa composition, on peut néanmoins observer que la proportion la plus élevée d'usagers à vie se trouve au sein de la catégorie d'âge des 25-34 (1.1%), 35-44 (1.1%) et 45-54 ans (1.6%). Tous les indicateurs convergent sur le fait que les hommes sont plus touchés que les femmes (prévalence à vie: hommes: 1.0%, femmes: 0.4%). On ne constate pas de différence entre les régions linguistiques.

Selon les résultats de l'enquête HBSC de 2018 auprès des élèves, la prévalence à vie d'usage d'héroïne s'élevait à 0.7% chez les garçons de 15 ans et à 0.5% chez les filles du même âge.

Seuil d'usage problématique
Même si les prévalences d'usage d'héroïne apparaissent faibles au sein de la population générale, il est généralement admis qu'un usage d'héroïne même unique est problématique étant donné que cette substance entraîne rapidement une forte dépendance et qu'elle est associée à des problèmes importants de santé publique et d'intégration (risque d'infection VIH et hépatite par le partage de matériel d'injection, risque d'overdose létale, marginalisation).

Evolution et tendances

Tendances d'usage parmi les adolescents et jeunes adultes
Les données disponibles ne permettent que des affirmations prudentes concernant la tendance de l'usage d'héroïne. Selon l'Enquête suisse sur la santé (ESS) effectuée entre 1992 et 2012, en considérant les résultats relatifs à la prévalence à vie dans la tranche d'âge entre 15 et 24 ans, représentant généralement la période de la première utilisation (voir chapitre Âge d'entrée en usage), on observe une diminution entre 1992 et 2012 (voir figure ESS - Prévalence à vie d'usage d'héroïne chez les 15-24 ans (ESS 1992-2012)). Toutefois, en raison du faible nombre de répondants, ces résultats sont à interpréter avec précaution. Les résultats des enquêtes CoRolAR 2011-2016 se situent quant à eux dans une fourchette entre 0.0% et 0.4%, s'approchant ainsi globalement des résultats de l'enquête ESS 2012.

ESS - Prévalence à vie d'usage d'héroïne chez les 15-24 ans (1992-2012)

ESS - Prévalence à vie d'usage d'héroïne chez les 15-24 ans (1992-2012)
Notes:ESS (1992-2012): "Avez-vous déjà pris de l'héroïne?"; n < 30 les valeurs sont indiquées entre parenthèses, n < 10 aucune valeur indiquée.

Source:Propres calculs sur la base des données ESS.

Evolution des dénonciations pour infractions à la LStup
On observe également une diminution des dénonciations pour consommation d'héroïne ces dix dernières années (2009: 7'376 dénonciations; 2017: 4'373).

Comparaison avec les pays voisins
Au niveau européen, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) indique que si l'Europe a connu plusieurs vagues d'usage d'héroïne lors des quarante dernières années, la tendance semble aller vers une diminution des entrées dans l'usage d'héroïne (OEDT, 2014). Concernant l'usage d'opioïdes les pays limitrophes, ceux-ci connaissent une situation stable et comparable à celle de la Suisse, que cela soit au niveau de la population générale ou concernant la population des jeunes et jeunes adultes.

Indicateurs des conséquences problématiques

Domaine du traitement spécialisé
Jusqu'en 2016, l'usage d'héroïne était, après l'alcool et le cannabis, le problème principal le plus fréquent des personnes demandant de l'aide pour des problèmes de dépendance ou d'abus de substance dans les institutions participant au réseau de monitorage act-info. Depuis 2017, l'usage de cocaïne se situe au troisième rang. Parmi les institutions participant de manière constante au monitorage, le nombre d'admissions en lien avec l'usage des opioïdes a marqué d'abord une légère hausse, puis a diminué de plus de la moitié. Ces données n'englobent cependant pas les demandes pour traitements de substitution à la méthadone, qui représentent la forme de prise en charge la plus courante en Suisse.

Hospitalisations
En ce qui concerne les traitements hospitaliers en lien avec un problème d'utilisation d'opioïdes, le diagnostic le plus souvent établi est celui du syndrome de dépendance. Selon les données de la Statistique médicale des hôpitaux, en 2008, 12 cas pour 100'000 habitants ont été hospitalisés pour un diagnostic principal de dépendance aux opioïdes. On observe une forte diminution de ce taux au cours des dix dernières années (1999: 43 cas pour 100'000 habitants).

Mortalité
Une diminution significative est également observée au niveau des décès liés directement à l'usage de stupéfiants. Des changements au niveau de la codification ne permettent certes pas de suivre le nombre exact attribuable aux opioïdes, mais cette catégorie de substances est selon toute probabilité à l'origine d'une large majorité des décès liés à la consommation de drogue recensés (généralement entre 80% et 90%, selon les analyses de l'OEDT dans plusieurs pays européens). En l'espace de 20 ans, le nombre de décès liés à l'usage de drogues est passé de 376 (1995) à 132 (2015), le nombre le plus bas ayant été enregistré en 2012 (121 cas).

Risques liés au mode de consommation
Concernant les risques liés au mode de consommation, le monitorage act-info révèle qu'entre 2004 et 2013, environ 50% des personnes entrant en traitement pour un problème principal lié à l'usage d'opioïdes ont eu recours à l'injection au cours des six resp. douze mois précédant l'admission. Depuis, cette part est nettement inférieure (2016 environ 23%).

Coûts sociaux
Les coûts sociaux directs liés à l'usage des substances illégales en Suisse ont été estimés à 1.4 milliards de francs pour l'année 2000 et les coûts indirects à 2.3 milliards (Jeanrenaud et al., 2005), mais les différentes substances et notamment l'héroïne n'y sont pas traitées séparément. La part attribuable à l'usage d'opioïdes se situe selon toute probabilité en toute première position.

Résumé
Pour résumer, les différents indicateurs concordent sur le fait que la problématique de l'héroïne est aujourd'hui nettement moins saillante qu'il y a une vingtaine d'années. Comparée aux autres substances illégales, elle représente cependant toujours la problématique induisant les conséquences les plus graves à court et à long terme (overdose létale, infections virales, dépendance chronique). Les faibles prévalences d'usage actuel détectées dans le cadre d'enquêtes auprès de la population générale ne doivent pas faire oublier qu'il s'agit d'un phénomène souvent caché et par conséquent difficilement saisissable.
top